Tuesday, 4 January 2011

Mon expérience de la crise en Irlande: d’un pur sang à 250.000 € au croissant à 0.50 €, ou deux mondes différents à 50kms de distance.



Les photos de cette publication ne sont pas les miennes, ce sont celle d'un photographe qui a beaucoup de talent et qui compte beaucoup à mes yeux. J'ai choisi ces photos car elles  représentaient très bien ma vie à Dublin.


Mon expérience de la crise en Irlande: d’un pur sang à 500.000 € au croissant à 0.50 €, ou deux mondes différents à 50kms de distance. 


J’ai résidé 2 mois et demi en Irlande du Sud, de octobre à décembre 2010 et je peux vous dire que j’ai vue l’Irlande au plus haut et au plus bas . A l’issu de ce voyage j’ai voulu écrire sur ce qui a captivé mon œil du haut de mes 18 ans dans ce pays : La crise économique que j‘ai pu vivre dans deux contextes radicalement différents à seulement 50 km de distance .

Malgré un passé très difficile l’Irlande a réussi à devenir le petit dragon vert de l’Europe . Ce passé a été marqué par la peste et la famine qui a forcé les Irlandais durant des années à migrer vers tous les continents, créant ainsi une diaspora très importante à travers le monde. Les liens très étroits et viscéraux entretenus par cette diaspora et les familles restées sur l’île ont fait de l’Irlande un pays très ouvert au monde et aux flux migratoires favorisant ainsi aujourd’hui une forte immigration (brésilien, européen de l’est, portugais, ……).  Sur le plan politique l’Irlande a énormément souffert de l’invasion anglaise durant des années et de la partition de son territoire qui a rendu la politique du pays difficile. Pourtant l’Irlande est devenue une république solide, elle a su se redresser se développer pour à son tour, ironie de l‘histoire, accueillir comme nous l’avons vu des migrants de tous les pays.   En effet à partir des années 80 elle prend des mesures économiques et fiscales pour attirer de nombreuses entreprises étrangères spécialisées dans les hautes technologies, les implantations industrielles sont nombreuses et attirent une forte main d’œuvre étrangère, plus de 16 % de sa population actuelle est ainsi né hors de la république d’Irlande.   Mais l’ile verte est aujourd’hui victime d’une crise économique grave liée à l’explosion des crédits immobiliers et à la consommation.


C’est dans ce contexte difficile que j’ai décidé de me rendre en Irlande durant mon année sabbatique.  Mon objectif premier était de pouvoir travailler dans le domaine du cheval, milieu que je connais bien. J’ai été embauché en tant que cavalière et promotrice de chevaux destinés à la vente dans une écurie très renommée tenue par une ancienne cavalière olympique.  Son élevage a été classé second de sa catégorie sur un plan mondial et sa clientèle est très internationale.   Mon travail consistait à m’occuper et à monter les chevaux des écuries tous les jours. La valeur minimum de ces chevaux était de 25 000 euros. Les chevaux provenaient de Dubaï, du Portugal, du Moyen Orient, ils étaient tous acheminés par avion à des coûts exorbitants.
Il y avait au minimum une vente par semaine.  Et la valeur moyenne des transactions allaient de 30 000 à 500.000 euros. L’écurie comptait à peu prés 200 chevaux, sachant que l’entretien d’un cheval coute à peu prés 70 euros quotidiennement, ce qui nous fait un total de 14000 euros par jour, sans compter les frais des infrastructures et des employés. Ces gens vivaient véritablement dans une bulle, ils ne ressentaient pas du tout la crise qui se déroulait à leur porte en Irlande.  Ils étaient totalement hors contexte;  Je voulais voir autre chose.



Un mois plus tard je décidais de partir pour Dublin.  J’y chercherai un travail et un logement sur place. Je savais que trouver un emploi n’allait pas être facile en ce temps de crise mais je suis restée optimiste. Cela a été une toute autre expérience, je  n’excellais plus dans un domaine comme l’équitation et je me suis retrouvée sur le marché du travail en concurrence avec des gens de tous âges, plus ou moins qualifiés et j’avais comme tout le monde un loyer à payer … Je suis alors sortie de ma bulle et j’ai vue les vrais dégâts causés par la crise. Pas tout le monde avaient 30 000 euros à « claquer » dans un canasson.
Mais avec de la chance et beaucoup de persévérance, une semaine et demi plus tard, je suis embauchée en tant que serveuse dans une Boulangerie - Café Français. Ce travail était vraiment différent dans le sens ou je ne côtoyais pas les mêmes personnes et j’évoluais dans un monde que je ne connaissais pas du tout.
Le patron non Irlandais du magasin était cuisinier et boulanger. Cela faisait 20 ans qu’il résidait en Irlande. Ce qu’il manquait d’après lui à Dublin était une boulangerie.  Il lui a fallu des années pour réunir les fonds avant de pouvoir monter son entreprise. Apres ces années d’économie il a acheté un bâtiment sur Moore Street. Un an plus tard il a réussi à ouvrir sa boulangerie malgré la situation économique de l’Irlande. Je côtoyais un tout autre employeur, il ne roulait pas sur l’or et n’avait pas de sponsors pour tout lui payer. Mes collègues étaient aussi très différents, ils avaient tous migrés dans les années 2000 en Irlande pour le travail mais la plupart pensaient repartir chez eux car ils avaient peur d’être eux aussi dévorés par le monstre nommé RECESSION.
Trois semaines après l’ouverture de la boulangerie, il se met à neiger très fort faisant de Dublin une ville morte.  Plus de client et pour la première fois de ma vie je me suis retrouvée au chômage technique. Mais même quand la neige a cessé de tomber je n’ai pas pu reprendre le travail. L’activité était encore au ralentie, il n’y avait pas assez de clients. Je suis donc rentré chez moi en France.

Ce que j’essaye de vous dire c’est que j’ai été impressionnée qu’à seulement 50 KM de distance la crise n’avait pas du tout les mêmes effets. Je pensais que mon premier emploi représentait la réalité mais je me suis trompée sur toute la ligne.
Je savais que la crise était commune à plusieurs pays mais c’est en résidant un mois à Dublin que j’ai pu comprendre les rouages de l’économie et de la société.  Je n’ai pu m’empêcher de penser que ceux là-même qui pouvaient s’offrir des chevaux à 500.000 € pouvaient être les mêmes financiers à l’origine de la crise qui frappaient L’Irlande.  Cela m’a donné envie de témoigner et d’en savoir plus.  Mais je reste optimiste pour l’Irlande, les irlandais sont fiers et ils ont connu bien pire et à nouveau sauront relever la tête.  Il y a toujours de vrais emplois industriels qui eux profitent encore au pays et sur lesquels il pourra repartir.



1 comment:

  1. Dear Ella, Can you put a Google Translate Gadget on your blog as some of your viewers might not read French? I want to know your impression of Ireland for I love the country. It is where I met my Dutch husband. xo Jenny

    ReplyDelete